La formation duale suisse s’implante dans la campagne géorgienne
La Suisse aide la Géorgie à moderniser son agriculture et à la rendre plus innovante et plus attrayante pour la jeunesse. La jeune entrepreneuse Nino Akhaladze est la preuve vivante que la formation professionnelle duale suisse permet de faire un métier de sa passion et que la conjonction de compétences, de connaissances et d’opportunités peut donner un souffle nouveau aux zones rurales.

L’histoire de Nino Akhaladze, qui a aujourd’hui 26 ans, commence comme celle de nombreux jeunes de Tbilissi. Ses rêves de citadine étaient encore en train de prendre forme quand la pandémie de COVID-19 a frappé le monde entier et transformé son destin. Confinée dans son appartement en ville, elle a commencé à s’interroger sur l’intérêt de rester à Tbilissi alors que la vie y semblait figée. En quête de liberté, elle a déménagé dans le village de sa grand-mère, où elle a découvert de manière inattendue qu’il était possible de vivre paisiblement, en harmonie avec la nature. Le monde était incertain, mais elle avait trouvé le bien-être et un sens à sa vie.
«J’ai toujours aimé les animaux», se souvient-elle. «Où que j’aille, je ramenais à la maison les animaux errants qui croisaient mon chemin.»
Un soir, elle entend parler de l’école suisse d’agriculture du Caucase (Swiss Agricultural School Caucasus, SASC), une découverte qui allait changer sa vie.
«Je n’ai pas perdu une minute. Le lendemain, j’ai rassemblé toutes les informations et tous les documents nécessaires et je me suis inscrite. Au moment de l’entretien, je ne savais pas exactement ce que je voulais devenir, mais je savais que je voulais travailler avec du bétail et fabriquer du fromage. On m’a recommandé la faculté de technologie des produits laitiers, et cela s’est avéré être le choix idéal.»
La nouvelle école est attachée aux normes suisses de qualité
Fondée en 2017 à l’initiative de l’homme d’affaires géorgien Mikheil Svimonishvili et soutenue par la fondation suisse Gebert Rüf Stiftung, l’école suisse d’agriculture du Caucase est une initiative privée sans précédent dans le secteur de la formation professionnelle agricole en Géorgie. L’école propose une formation duale, alliant théorie et pratique, avec le soutien d’enseignants et enseignantes suisses. La participation de spécialistes suisses a été rendue possible grâce au financement et au soutien de la Direction du développement et de la coopération (DDC). Le campus moderne de Dmanissi comprend une ferme laitière, une fromagerie et des salles de classe entourées de paysages montagneux.
Nino se souvient de sa première année à l’école comme d’une année très dynamique. «Tout était nouveau et intéressant. L’ambiance était formidable: nos professeurs étaient enthousiastes et ne cessaient de nous encourager. Mais avant tout, j’ai appris ce que c’est que travailler dur.» L’un de ses mentors, le Suisse Markus Racine, est devenu une figure clé de son parcours. «Tout ce que je sais, c’est grâce à Markus. Il m’a tout appris, m’a aidée chaque fois que j’avais besoin de conseils et m’a encouragée à aller en Suisse pour acquérir de l’expérience pratique.»
«Je n’avais jamais rien fait d’aussi difficile»

Cet encouragement a rapidement porté ses fruits. Avec l’aide d’un autre mentor, Nino a franchi le pas et décidé de se rendre dans les Alpes suisses pour se familiariser avec la fabrication de l’authentique fromage alpin. Au cours de sa première visite, en 2024, elle a travaillé dans une ferme suisse pendant trois semaines. Elle est retournée en Suisse l’année suivante, cette fois pour travailler de manière autonome, puisqu’elle était déjà fromagère.
«C’était dur, mais gratifiant», explique Nino. «Nous recueillions chaque jour 2000 litres de lait de la traite et devions répartir minutieusement les tâches, le temps et les ressources, y compris l’électricité et l’eau. Je me levais à 1h30 du matin pour faire du beurre, puis du fromage jusqu’à 11h00. Ensuite, je me reposais jusqu’à 14h00, avant de continuer jusqu’au soir. C’était la routine des deux premiers mois.»
Une jeune agricultrice sur la voie du succès

Du mois de juin jusqu’à la désalpe en septembre, Nino s’est consacrée corps et âme à l’art de la fabrication du fromage. « Je n’avais jamais rien fait d’aussi difficile », admet-elle. « Mais c’était mon rêve, et je devais me prouver que j’en étais capable. Chaque fois que je rencontrais des difficultés, j’appelais Markus, qui était toujours là pour me soutenir. »
Cette année, Nino a participé à un concours de fromages, et le fromage de Nino a remporté une médaille de bronze.
L’histoire de Nino se poursuit désormais en Géorgie, où elle loue une petite ferme près de l’école suisse d’agriculture. Elle compte agrandir l’exploitation et commencer à fabriquer son propre fromage. Forte de son expérience dans les Alpes suisses et des connaissances acquises à l’école d’agriculture, Nino est bien décidée à y parvenir.
Comment la Suisse renforce le secteur agricole en Géorgie
L’agriculture est une source de revenus importante pour une grande partie de la population géorgienne et emploie environ 40 % de la population active. Cependant, ce secteur continue de pâtir d’une faible productivité et d’une modernisation qui reste limitée, de sorte que les disparités de revenus perdurent. Pour relever ces défis, la Suisse, par l’intermédiaire de la Direction du développement et de la coopération (DDC), aide la Géorgie à réformer et à moderniser l’éducation et la formation professionnelle dans le domaine agricole. Ces efforts visent à renforcer les compétences techniques et entrepreneuriales des agriculteurs et agricultrices, à promouvoir des pratiques de production durables et à améliorer la compétitivité, l’objectif ultime étant de réduire la pauvreté rurale et de stimuler une croissance inclusive dans ce secteur.
Fondée en 2017, l’école suisse d’agriculture du Caucase a obtenu l’accréditation de l’État et commencé à enseigner en 2021. Elle bénéficie du soutien de l’école suisse d’agriculture Plantahof, qui l’aide à élaborer ses programmes, à former ses enseignants et à garantir la qualité de son enseignement. L’école propose des programmes de deux ans dans les domaines de l’agriculture et de la transformation des produits laitiers. Elle dispense en outre des cours de formation continue aux agriculteurs et aux transformateurs laitiers en activité. L’école offre six cours reconnus par l’État et a déjà délivré un diplôme à 180 personnes. Elle propose également des formations non formelles et des services de conseil : plus de 500 agriculteurs et agricultrices en ont déjà bénéficié.
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