Un pays sans mines pour un développement sans entraves
Au Cambodge, trente ans de guerre et de conflits ont laissé dans leur sillage entre 3 et 4 millions de mines, d’armes à sous-munitions et de restes explosifs. La Suisse soutient l’organisation HALO Trust dans ses efforts de déminage à hauteur de 4 millions de francs. Le déminage humanitaire permet de dépolluer des régions entières, les rendant à nouveau sûres et habitables. Les agriculteurs peuvent ainsi revenir sur leurs terres et recommencer à les cultiver.

La zone frontalière entre le Cambodge et la Thaïlande est l’un des endroits les plus minés au monde. Sur cette bande de terre de 700 km de long, on estime à 3000 le nombre de mines par kilomètre. Si la guerre du Vietnam, Pol Pot et la guerre civile appartiennent depuis longtemps au passé, leur héritage explosif constitue encore aujourd'hui une menace pour les Cambodgiens. « Les mines antipersonnel sont des armes patientes et insidieuses, explique Leav Path de HALO Trust, la plus grande organisation humanitaire internationale de déminage. C’est après la guerre qu’elles font le plus de victimes. » Pendant le conflit, les soldats sont conscients du danger. Mais les civils qui retournent dans leurs villages après la fin de la guerre s’aventurent quant à eux en toute naïveté dans les champs minés. « Dans mon village aussi, des gens ont perdu leurs jambes dans des explosions », raconte Leav Path. Cette expérience l’a motivée à suivre une formation de déminage. Cela fait maintenant 13 ans qu’elle nettoie son pays de l’héritage de ses ancêtres. Jour après jour, mètre après mètre.
Encore 39 blessés cette année
Centimètre après centimètre, Leav Path s’approche de la mine qu’elle a repérée auparavant avec son détecteur de métaux ; elle coupe quelques racines avec son sécateur et gratte la terre sèche avec sa pelle pour atteindre l’engin explosif. Il s’agit d’un récipient en plastique de la taille d’un emballage de margarine, chargé de 50 g d’explosifs. Assez pour arracher un pied ou une jambe. Depuis 1979, plus de 65 000 hommes, femmes et enfants cambodgiens ont été tués ou grièvement blessés par des mines ou des engins non explosés. Grâce au déminage, le nombre de victimes a considérablement diminué, passant de 2069 en 1993 à moins de 39 cette année. Mais un million de personnes vivent encore dans des zones contaminées par des munitions non explosées. Même ici, à quelques kilomètres des célèbres temples d’Angkor Vat, on en découvre régulièrement. « Un buffle a été tué sur cette petite route », raconte Leav Path. Son équipe a alors été appelée pour informer la population locale des risques et nettoyer toute la zone.
Un territoire sûr, où l’on peut se déplacer en toute confiance
Leav Path fixe une charge de TNT sur la mine afin de la faire exploser. « Même après 13 ans d’activité, pour moi, chaque mine éliminée compte », confie-t-elle. Mais la plus grande satisfaction, elle l’éprouve quand un champ de mines entier est officiellement dépollué. « Nous rendons alors à la population civile ses terres, si précieuses pour l’agriculture, ou la construction de routes et de maisons ». Le déminage humanitaire pose la première pierre du développement. Son village en est le meilleur exemple : « Depuis qu’il est possible de construire et de travailler sans crainte, le développement a littéralement explosé », déclare Leav Path en riant.
Déminer et informer la population
Au Cambodge, la Suisse soutient le déminage depuis 2013. Elle a d’abord soutenu le projet « Clearing for Results », dirigé par le PNUD, puis l’organisation du HALO Trust, à partir de 2020.
Jusqu’à présent, la contribution suisse a permis de détecter et de détruire
- 10 273 mines antipersonnel,
- 160 mines antichars,
- 8214 autres restes explosifs de guerre.
Le soutien de la Suisse a permis de déminer 32 km2 de territoires contaminés. Depuis que les opérations de déminage ont débuté, plus de 1,5 million de personnes ont retrouvé un accès sûr à la terre et à l’eau, ce qui ouvre de nouvelles perspectives économiques. Les trois quarts des terres nettoyées sont utilisées pour l’agriculture, le reste pour la construction de logements ou d’infrastructures.
Mais le déminage n’est qu’un aspect du travail. Il est tout aussi important d’informer la population sur les risques liés aux mines. C’est l’objet des programmes EORE (Explosive Ordnance Risk Education), suivis par 5,4 millions de personnes au cours des dernières années. Les enfants, en particulier, doivent apprendre à reconnaître les mines et à adopter un comportement sûr.
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